Résumé dans le 91 en 2012

Bonne lecture à tous.

« Tôt ou tard en 2012

« Il ne devrait pas y avoir grand monde ce soir. Ca va être calme. On va finir tôt. » La phrase paraît sévère, d’autant que la soirée vient à peine de commencer. Les mots ont beau être fatalistes, le ton est enjoué, se mariant à merveille avec le sourire solaire de notre hôte de ce soir, Z., tout comme ils ne semblent pas attaquer la bonne humeur de ses complices habituels, qui s’activent déjà à accueillir, servir, sourire et faire danser les quelques invités qui font l’ouverture. De toute façon, les évènements qui vont suivre vont bien prouver toute la prématurité de cette fausse prophétie. Ainsi que son inexactitude la plus totale. Car du monde, il y en eut. Du calme, pas du tout. Et ils ont fermé tard.

Ce sont donc les locaux rouge velours de Morangis qui accueillent cette première soirée de l’année du le plus solaire des organisateurs. Pour l’occasion, et pour bien profiter, nous avions décidé de faire l’ouverture, ou presque. Au premier abord, nous ne sommes guère habitués à voir autant de place autour du bar, et autant d’espace sur la piste de dance. Et encore moins de trouver autant de temps pour discuter avec notre hôte (qui finira un jour par me reconnaître, j’en suis persuadé). Ce dernier, tout enjoué par les différents plans et autres gang bangs qu’il a déjà prévus pour animer sa semaine et celle de ses amis libertins, s’excuse presque d’avoir laisser l’organisation de cette soirée de côté, en suspension, sans trop s’y attarder.

« Je l’ai laissée se remplir toute seule, beaucoup de monde se sont inscrits, mais je viens de recevoir des annulations en pagaille. Peut-être le froid, ou la pluie ? » Peu importe ! Si la soirée s’annonce moins riche en rencontres, elle n’en sera que plus conviviale et complice, se dit-on, naïfs.

Et à voir les créatures qui s’agitent déjà au rythme de la musique, le désir de complicité n’en est que renforcé. Nous nous installons doucement dans un sofa rouge pour déguster le spectacle des yeux. Sur une sélection mêlant des standards soul et funk à des bombes actuelles de r’n’b, se déhanchent deux superbes panthères noires, éclatantes de beauté et de jeunesse. L’une en costume noir minimaliste et chic, ne cachant presque rien de son corps sculptural, et évoquant un uniforme de police. L’autre en robe fourreau noire et fendue, ouvrant sur un décolleté gourmand dévoilant deux jambes gainées de bas-couture, dont les attaches à mi-cuisses apparaissent pour chatouiller l’envie. Autour d’elles, quelques beaux spécimens de mâles tentent d’exister, d’attirer leur regard, mais elles semblent livrées à elles-mêmes, plongées dans ces vagues les beats et les basses sensuels, ne se donnant (pour le moment) qu’à la musique et au DJ, très inspiré, qui la projette dans l’atmosphère. Plus loin jeunes couples d’habitués se mélangent en dansant au ralenti, passant de bras en bras et de lèvres au fil des chansons, jusqu’à ce que les deux dames ne se retrouvent ensemble à se butiner sur le tube d’un prince. Et c’est enfin une princesse, sulfureuse en noir, que l’on voit apparaître entre deux ou trois beaux danseurs, la même qui, habituellement, se charge du vestiaire, et qui profite ce soir d’une relâche pour venir en invitée. Puis, sans que l’on s’en rende vraiment compte, la salle se remplit, les espaces fondent et les places disparaissent.

De retour au bar, nous nous retrouvons face à une déferlante de convives qui vient de s’abattre sur nos hôtes, devenus hyperactifs. Des habitués, que nous retrouvons avec bonheur, mais aussi de nouvelles têtes et de nouveaux corps, par dizaine, que nous découvrons avec faim. Et dès ce premier débarquement (il y en aura plusieurs), l’ambiance prend corps, la sensualité se fait palpable. On se parle, on se presse, on se séduit et on se touche dans une promiscuité bienvenue. Quelques aventuriers s’échappent déjà par l’escalier pour coloniser les coins câlins à l’étage, demeurés jusqu’ici presque vierges. Un regard échangé, un sourire partagé, nous montons nous aussi, en voyeurs curieux.

Dans la grande salle, une friande brune aux formes arrondies s’active pour tirer le meilleur des trois amants qu’elle a sélectionné pour les dévorer. Ses beaux seins en montgolfière fièrement lâchés et pointus, elle traie chacune des trois tiges qui s’offrent à ses mains, les plongeant dans la bouche par intermittence. Hésitante, elle les goûte et regoûte à la chaîne, passant sa langue sur les lèvres entre chaque pipe, telle une cliente qui se demande par quelle friandise commencer son goûter. Connaissant la gourmande, on sait que, de toute façon, ils y passeront tous les trois, et bien tant d’autres après eux.

Dans un coin recouvert de draps noirs, un couple vient de se former entre deux coussins. Lui, grand, jeune et blond, était venu tout seul en queutard averti. Elle, plantureuse blonde aux bouclettes malicieuses et aux jambes blanches, a débarqué ici sans son mari, dans une folle envie d’aventure. Elle s’était allongée ici en écartant les cuisses, offerte au premier venu. Ce fut lui. La baise fut sauvage, torride. Les coups de reins endiablés et les cris de bête en ont fait pâlir de jalousie et rougir d’envie les amants potentiels, qui s’agglutinaient autour. Ils ont joui. Et ne se sont plus quittés. Les voilà donc là, collés l’un à l’autre, nus et unis, seuls dans la multitude, à contempler les baiseurs qui s’activent autour d’eux sans les voir. Elle a les jambes écartées, la chatte déployée à demi voilée par un bout de drap. Il la caresse doucement, en attendant que l’énergie leur revienne pour de nouveaux big bangs charnels.

Les autres chambres se remplissent. Bientôt, il est difficile de dégoter un bout de matelas vierge pour poser une fesse. Au point qu’on baise partout : sous la douche comme J., cette couguar rousse qui dévore un bel éphèbe cuit à l’eau et au savon ; contre un mur, comme P. qui tend son cul et ouvre les fesses pour se faire assaillir à la chaîne par les mâles de passage ; ou encore dans un fauteuil, comme P. et A., ce beau couple chic et poivre-sel, et qui en offre plein les mirettes. Les jambes écartées, les cuisses gainées de résille, A. offre une chatte gonflée et lisse, fraîche comme celle d’une jeune fille, aux yeux des voyeurs, alors qu’elle s’empale doucement sur le dard veineux de son mari, bien assis et installé, à qui elle tourne le dos. Aux affamés de passage qui s’aventurent à approcher une main, dans l’espoir de tâter un sein, de pincer un bout de téton ou de titiller la minette, elle réserve une tape cinglante sur les doigts, accompagnée d’un sourire charmeur qui exprime tout son contraire. La joueuse n’a pas fini de jouer.

« Les hommes sont particulièrement galants ce soir », me murmure mon amie au retour d’une escapade acrobatique avec deux sportifs. En effet, venus en nombre, ils gardent respectueusement leurs distances, font des politesses, et savent se mettre en retrait quand il s’agit de laisser ses dames s’exprimer dans leur volupté, même si cela signifie de vivre certains moment en simple voyeur, la queue empoignée, le sourire aux lèvres. Les commentaires qu’ils échangent débordent d’enthousiasme. De toute façon, et ça, ils doivent le savoir en eux-mêmes, il y aura de la baise pour tout le monde, plus qu’il n’en faut même. Autre détail important : la propreté. Les lieux, que nous connaissons bien, n’ont jamais été aussi bien respectés. Quand bien même nous devons cela aussi aux hôtes qui passent souvent jeter le superflu, changer les draps, ramasser le tout-venant, ces joueurs gentlemen, pour les avoir vu à l’œuvre, n’y sont pas totalement étrangers.

De retour au bar, nous assistons à un spectacle presque inédit : un turnover, comme une levée de la garde. Une vague de départs, principalement des couche-tôt, des habite-loin ou des feux follets venus se chauffer ici avant de terminer en club, se voit presque instantanément étouffée par une arrivée massive. Là encore, autant de nouveaux que de coutumiers des lieux, des baise-tard, donc, venus conclure une chaude sortie sur des draps chauds, entre des corps mouillés. Le coup de feu n’en finira pas pour Z. et ses ouailles, jusqu’au bout de la nuit.

La piste, toujours baignée d’une musique délirante, est désormais pleine, de même que les canapés l’entourant. Sur l’un d’eux, Y. tripote sa conquête du soir, assise sur ses genoux. Lui ayant au préalable écarté les cuisses, il la doigte de plus en plus furieusement, tout en branlant son bouton rose et tendu, la rendant ruisselante. La mouille attire les prédateurs, et déjà, leurs deux voisins s’approchent, en requins affamés, pour lécher les cuisses et lui téter les seins.

L’étage est plein pour de bon quand y débarque la rousse et voluptueuse P., aux étoffes transparentes et aux tatouages apparents. La voilà qu’elle se mêle, telle est son habitude, aux corps impatients qui l’entourent, comme on plonge dans un bon bain chaud. Elle caresse et saisi ses amants, goûte leurs muscles, se délecte de leurs sexes, s’offre sans retenue aucune. Elle passe de bras en bras, de sexe en sexe, le cul, la fente, la bouche offerts à tous, arrosant son entourage des gémissements de plaisir qui l’assaillent. Son mari, candauliste convaincu et dévoué, se laisse happer par cette jouissance palpable, cette sensualité odorante et musicale, qu’émet sa femme, partageant son plaisir en observateur complice. On nous apprendra, a posteriori, que ces deux amoureux en puissance feront la fermeture, et bien au-delà ! Madame ayant trouvé un Apollon d’ébène insatiable, ils baiseront ainsi jusqu’au bout de la nuit, bien après l’arrêt de la musique, bien au-delà de la fermeture du bar, jusqu’à ce que la dernière ampoule brille. Tard, très tard, donc. Mais le grand maître d’œuvre le disait justement à notre arrivée : il n’est jamais trop tard pour bien commencer l’année. »

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